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 Sanctuaire de l’Imam REZÂ à Mashhad

Sanctuaire de l’Imam REZÂ à Mashhad

Deuxième ville du pays et capitale du Khorasan, dans la Province Nord-Ouest de l’Iran, Mashhad est surtout connue pour son magnifique sanctuaire de pèlerinage dédié à Imam Rezâ, le huitième Imam chiite, qui fut assassiné en 818 non loin de là, à Tus. En ce début d’été, tout en revenant sur les derniers pas de celui-ci, Orient-Héritage part à sa redécouverte en retraçant l’extraordinaire magnificence d’un patrimoine architectural unique dont le gigantisme et la beauté projettent clairement dans l’espace l’intensité de la ferveur qui baigne cette ville sainte.Dôme doré du Sanctuaire de l’Imam Rezâ, le huitième Imam chiite à Mashhad en Iran.

retour sur l’histoire et la spiritualité chiite

Nous empruntons les éléments documentaires de ce rappel à Monsieur Patrick Ringgenberg qui présenta dans sa magistrale étude du Sanctuaire de l’Imam Reza les constituantes de la spiritualité chiite.

“ Une question de succession hante la spiritualité chiite. En 632, le prophète Mohammad meurt à La Mecque sans héritier mâle et sans avoir donné d’indications claires quant à sa succession à la tête de la jeune communauté musulmane. Une majorité de croyants élit alors Abu Bakr comme calife, mais une minorité considère que seul Ali Tâlib peut être le digne chef spirituel de la communauté. Cousin du prophète et converti de la première heure, il avait en effet épousé la fille de Mohammad, Fatima, et aurait même été choisi par le prophète pour lui succéder.
Ali ne sera finalement que le quatrième des quatre califes sunnites, après Abu Bakr, Umar et Uthman, mais pour ceux que l’on va appeler les “chiites”- de shîa-“partisan”, Ali devint le premier des imams, véritables héritiers spirituels du prophète. Dans un contexte trouble et tendu, Ali devint calife en 656. Ce fut un homme éclairé et courageux mais son règne fut une longue suite de luttes et de batailles. Il fut assassiné en 661 à Kufa, en Irak et à sa mort le monde musulman fut irrémédiablement déchiré par des dissensions politiques et des divisions religieuses”. Les deux fils d’Ali et de Fatima, Hassan et Hossein devinrent les 2ème et 3ème Imams des chiites.”

Les chiites se sont scindés en plusieurs courants divisés sur le nombre reconnu des Imams et des conceptions de l’imamat : le chiisme duodécimain, qui est majoritaire en Iran croit au plérôme des douze imams. Au cours de l’histoire, les divers courants chiites ont eu une influence intellectuelle et spirituelle considérable même dans les milieux sunnites. Dans l’Iran chiite des safavides, ce chiisme duodécimain a choisi une spiritualité s’associant à des influences néoplatoniciennes.

Historiquement les Imams n’eurent aucune activité politique et publique, ils menèrent une vie retirée de piété et d’enseignement. Ainsi n’étaient-ils pas tant des guides que des maîtres en théologie et en science ésotérique. Ils étaient perçus comme des médiateurs immanents entre Dieu et les hommes. Au point de vue métaphysique, les Imams étaient ainsi autant de faces de Dieu tournées vers le monde et les hommes. Ils sont les intermédiaires de la connaissance de Dieu, les voies et les organes par lesquels les croyants sont investis d’une spiritualité et d’une connaissance qui les purifient et les rendent, à mesure de leur être, plus intimes de la Divinité.

Sanctuaire de l'Imam Reza à Mashhad

Ecoutons à nouveau Monsieur Ringgenberg à ce sujet :

“…Historiquement, les Imams sont connus comme les dépositaires des signification profondes et ésotériques du Coran. Si le Prophète a révélé le Coran, ce sont les Imams, et Ali, le premier d’entre eux, qui détiennent les sens profonds et cachés, toujours vivants et actuels, du Livre Saint”.

La relation spirituelle avec les Imams constitue donc le cœur de la foi chiite, elle explique l’importance des pèlerinages aux tombeaux des Imams, en particulier, à ceux d’Ali à Nadjaf, de Hossein à Kerbala, et de Rezâ à Mashhad.

Pourquoi le chiisme a-t-il largement contribué au développement des lieux de pèlerinage ? Car la tombe d’un Imam, ou la sépulture de l’un de ses descendants est un lieu privilégié pour entrer en contact avec leur présence spirituelle et à travers elle, avec Dieu ! Ainsi vénéré à Mashhad chaque année par des millions de pèlerins, le mausolée de l’Imam Rezâ doit-il sa popularité à deux facteurs essentiels : il est le seul imam à être enterré en Iran et le pays où il est inhumé est devenu la patrie protégée du chiisme duodécimain depuis le 16ème siècle.

 

 Mais qui fut l’Imam Rezâ?

Fils du 7ème Imam, Musâ al-Kasim, mort en prison en 799, Ali al Rezâ naquit entre 765 et 776 à Médine où il grandit en transmettant les traditions de son père. Longtemps il se tint loin des affaires politiques de son temps. En Novembre 2011, un long article de la Revue de Téhéran nous permet encore aujourd’hui de mieux comprendre le monde dans lequel il évolua

 

Après la mort de Hâroun al-Rashid, son fils Ma’moun entra en conflit avec son frère Amin ; conflit qui se solda par un combat sanglant et l’assassinat d’Amin, à la suite duquel Ma’moun devint calife. Dès lors, la politique du califat abbasside envers les chiites se durcit.

Les décennies précédentes avaient été marquées par les révoltes des partisans de l’Imâm Ali (’alavi) qui se soulevaient, provoquant des guerres et des rebellions mettant le califat en difficulté. Durant cette période, les différents Imâms ne coopérèrent cependant pas avec les instigateurs de rebellions et se tinrent à l’écart de leurs affaires. Les chiites de cette époque, qui formaient une population importante, continuaient de considérer les Imâms comme leurs guides religieux auxquels l’obéissance était due. Ils estimaient au contraire le califat très éloigné de l’autorité sacrée de leurs Imâms, d’autant plus qu’il était assuré par des personnes plus préoccupées par le pouvoir et les plaisirs mondains que par le respect des principes religieux. La persistance d’une telle situation d’instabilité était dangereuse et constituait une sérieuse menace pour le califat.

Ma’moun essaya de trouver une solution efficace pour mettre fin à ces contraintes politiques qui, depuis soixante-dix ans, n’avaient pu être résolues par ses prédécesseurs abbassides. Pour arriver à ses fins, il décida de nommer l’Imâm Rezâ comme son successeur, espérant ainsi surmonter deux difficultés : premièrement, empêcher les partisans des descendants de la Famille du Prophète de se rebeller contre le gouvernement puisqu’ils en feraient eux-mêmes partie, et mettre ainsi fin aux mouvements d’opposition, et deuxièmement, faire perdre aux gens leur croyance spirituelle et leur attachement intérieur aux Imâms. Ceci pourrait selon lui être réalisé en laissant les Imâms se mêler des affaires mondaines et de la politique du califat, qui avait toujours été considérées par les chiites comme mauvaises et impures.
De la sorte, leur organisation religieuse s’écroulerait, tout comme la dimension sacrée de leur lutte, et ils ne représenteraient plus un danger pour le pouvoir officiel : ils ne seraient qu’une école parmi les autres. Ces desseins une fois accomplis, l’éloignement de l’Imâm ne présenterait aucune difficulté pour les Abbassides. Cette nomination permettait également à Ma’moun de se rallier les chefs de son armée, en majorité pro-chiites. La présence de l’Imâm Rézâ au sein du pouvoir permettait également de lui conférer une légitimité sans précédent, arrachant en même temps l’un des piliers de l’opposition chiite, c’est-à-dire la question de l’usurpation du califat.

En 815, le calife abbasside al Ma’mun invita donc l’Imam Ali à venir enseigner à Merv et dépêcha pour l’accompagner lors de ce périple un cousin de son vizir pro-persan chiite. Après avoir effectué le pèlerinage à La Mecque avec son jeune fils Mohammad, l’Imam se mit alors en route en 816 en passant par Bassorah, Ahvaz puis par Neyshâbur avant d’atteindre Merv.

Carte de trajet de l’Imam Rezâ en 816 en passant par Bassorah, Ahvaz puis par Neyshâbur avant d’atteindre Merv

Carte du trajet de l’Imâm Rezâ de Médine à Merv

« Ce voyage lui permit tout d’abord de passer par de nombreux villages et villes d’Iran, où sa présence produisit une forte impression sur les populations locales et renforça le courant de sympathie chiite. La réalisation de plusieurs miracles, mais surtout ses paroles touchèrent de nombreuses personnes. En passant par Neyshâbour, des compilateurs de hadiths du prophète Mohammad vinrent vers l’Imâm Rezâ en lui demandant de leur transmettre une parole de son ancêtre afin de la consigner par écrit. L’Imâm Rezâ leur rapporta alors cette parole du Prophète : « Dieu a dit : La parole « Il n’y a pas de dieu en dehors de Dieu » est Ma forteresse (hisni) ; quiconque entre dans Ma forteresse sera épargné de Mon châtiment’’« .
L’Imâm ajouta : « Mais à condition de respecter ses conditions, et je suis l’une de ses conditions« . Lorsque l’Imâm Rezâ rajoute cette condition, il souligne ainsi l’importance de la reconnaissance du principe de wilâyat, c’est-à-dire de l’amour porté aux Imâms et la nécessité de leur porter allégeance ; principe fondamental du chiisme. Cet hadith ne tarda pas à devenir un pilier de l’héritage spirituel du chiisme, et renforça l’importance de la wilâyat dans l’esprit des gens.

Durant sa présence en Iran, à Marv, l’Imâm Rézâ ne perdit jamais une occasion d’aller à la rencontre des gens et de leur transmettre certains préceptes religieux, paroles qui étaient ensuite compilées et diffusées. En outre, comme nous l’avons évoqué, l’Imâm Rezâ eut un rôle important dans l’affirmation de la prééminence du chiisme grâce à ses controverses avec des chrétiens, des juifs, des sabéens et même des athées. Les arguments décisifs développés par l’Imâm Rezâ et l’audience qu’il rencontrait eurent un rôle de premier plan dans la propagation du chiisme.

Bien qu’étant demeuré à l’écart de toute décision politique, l’Imâm Rezâ utilisa la tribune unique du califat pour diffuser de nombreux principes du chiisme et élargir son audience. Ma’moun l’autorisa ainsi plusieurs fois à monter à cette tribune pour s’adresser à l’ensemble de la communauté islamique. Son statut officiel lui permettait également d’être consulté par de nombreux savants, gens de la cour ou croyants venant de tout le pays, de diffuser à grande échelle les hadiths du Prophète et des Imâms lui ayant précédé, mais aussi de former des proches partisans et savants dans le domaine des hadiths, l’étude de leurs transmetteurs, le droit (fiqh), le dogme… ce qui eu également un effet décisif dans la consolidation du patrimoine spirituel et intellectuel du chiisme. On lui attribue également de nombreuses paroles traitant de philosophie, de jurisprudence, d’exégèse, d’éthique…

mashhad en iran

Fort de leur reconnaissance officielle, les partisans de l’Imâm Rezâ multiplièrent leurs activités pour diffuser la pensée chiite dans tout le pays, entraînant un nombre important de conversions. L’Imâm Rezâ lui-même atteignit de ce fait un respect et une vénération sans précédent dans l’ensemble du pays. Il conféra également une assise sociale durable au chiisme en Iran, dont les effets perdurèrent et façonnèrent l’histoire des siècles suivants, en atteignant un point d’orgue lorsqu’après des siècles de persécution, le chiisme devint sous les Safavides, religion d’Etat.

Une fois arrivé à Merv, le calife mi à exécution son “plan” et proposa à Imam Rezâ à de renoncer au califat en sa faveur, ce que, sous la contrainte, celui-ci finit par accepter. Lors du mois de Ramadan 817, une grande cérémonie marqua son investiture.

Qu’avait exactement voulu faire al Mamoun ? Réellement rétablir la concorde parmi les musulmans déchirés depuis la mort du Prophète ? Toujours fut-il que ce choix aviva au contraire de vifs conflits chez les Abbassides et les sunnites irakiens tant et si bien, qu’en homme de paix et de dialogue qu’il était l ‘Imam Rezâ le convainquit de le laisser partir vers Bagdad afin d’apaiser les tensions qui venaient d’éclater dans la région. Las, quelques mois plus tard, le premier vizir pro-chiite du calife fut assassiné tandis que suite à un probable empoisonnement et dans les circonstances les plus troubles, Imam Rezâ lui-même tomba malade et périt à vingt kilomètres de Mashhad ; dans la ville de Tus.

Cette mort subite était trop étrange pour que l’on ne suspectât pas une mise à mort volontaire : aussitôt on le transmua en “martyr” tandis que tout en lui faisant construire sa sépulture à Sanabâd, le calife en titre apparaissait comme son pervers meurtrier… L’opposition en fut dissoute et Al Mamun abandonna à son tour l’arène politique pour promouvoir la prévalence des sciences et de la culture.

 

La puissance de la ville Sainte

A Sanabad, la tombe de l’imam défunt fut peu à peu appelée “ al Mashhad”, terme employé pour les tombes appartenant aux martyrs de la famille du Prophète.

Dès lors, le lieu de pèlerinage se transforma-t-il en bourgade puis en ville sans cesser de craindre guerres et pillages. En 1329, la ville voisine de Tus fut détruite par les troupes d’un fils de Tamerlan et les rescapés trouvèrent refuge à Mashhad qui devint alors la nouvelle capitale de la région.

A l’époque timouride, le mausolée initial s’agrandit de plusieurs édifices importants : une grande mosquée, des portiques, trois écoles coraniques, un premier iwan.

Au début du seizième siècle, sous le règne du Roi Ismâ’îl 1er, le chiisme duodécimain devient officiellement la religion officielle du pays et les deux grands centres de pèlerinages de l’Iran, Qom, où est enterrée la sœur de l’Imam Rezâ, et Mashhad où il l’est lui-même, deviennent les premiers bénéficiaires de cette nouvelle orientation religieuse. Le roi agrandit encore le site de plusieurs madrasas, et au dix-neuvième siècle, sous les Qâdjârs une nouvelle cour est-elle construite.

Au vingtième siècle, Reza Shah Pahlavi ceint le complexe historique d’une route circulaire tandis que le Mausolée lui-même se trouve isolé du reste de la cité par un large anneau de verdure.

le Sanctuaire de l’Imam Rezâ possède plusieurs madrasas et une nouvelle cour sous les Qâdjârs

Depuis l’avènement de la République Islamique et pendant plus de vingt ans, le site n’a cessé d’être modernisé et agrandi jusqu’à faire en 2011 de la ville, la deuxième d’Iran avec une population de 2 700 000 habitants.

Cour du sanctuaire de l’Imâm Rezâ à Mashhad, le dôme et le minaret en or du Mausolée de l’Imam Rezâ

Cour du sanctuaire de l’Imâm Rezâ à Mashhad

Photo : Meysam Dehghâni

Au fils des siècles, les dons des pèlerins qui allaient sans cesse augmentant permirent non seulement d’entretenir le mausolée et les bâtiments l’environnant mais de contribuer à consolider un type d’administration du sanctuaire originale mis au point sous les safavides, le waqf.

Il s’agit aujourd’hui d’ailleurs d’une fondation, l’Astan-e Qods-e-Razavi qui détient dans le Khorasan et un peu partout dans les grandes villes de Province des centaines de propriétés, de fermes, et de terrains. Des revenus locatifs considérables provenant de la location de diverses surfaces dans Racht, Tabriz, Kerman et bien sûr Téhéran complète cette manne.

“ En 2008, comme il nous le rappelle dans son ouvrage déjà cité, Patrick Ringgenberg raconte que cette même fondation détenait 17 groupes industriels dans des domaines aussi divers que l’alimentation, l’industrie automobile, les industries, les mines, la fabrication textile et l’édition. Elle comprenait également douze compagnies agro-industrielles- culture, maraîchage, élevage, pêcheries, sylviculture, et quinze compagnies ou institutions dans les secteurs de la construction ou du développement des infrastructures, des assurances, de l’ingénierie de l’eau et des sols, de la médecine et de la pharmacie. Les revenus générés par les activités économiques multiformes de l’Astan-e Qods-e Razavî la rendent indépendante de l’état iranien et des sources de financement privés et en font un second pouvoir dans le pays.  Une partie des revenus est consacrée à l’entretien, à l’organisation et au développement du sanctuaire lui-même, la fondation ayant par exemple pu financer elle-même les immenses travaux entrepris entre 1980 et 2000. “

Par-delà le sanctuaire et les innombrables institutions ou services qu’il abrite, cette fondation finance aussi dans toute la province du Khorasan la construction et l’entretien de mosquées, d’écoles, de centres culturels, d’hôpitaux et de complexes sportifs. Elle gère également ses bibliothèques, musées et institutions aussi bien à Mashhad-même que partout alentours voire à Téhéran. “

Un voyageur français de passage en 2017 à Mashhad nous expliquait récemment :

« La diversification opérée depuis la révolution islamique fait de cette fondation une des plus grandes entreprises du Moyen-Orient : elle est propriétaire d’usines automobiles, de terres agricoles, de compagnies pharmaceutiques, de transport ou encore de nombreuses industries alimentaires. Ses actifs sont estimés à plus de 15 milliards de dollars US. Pour se donner une idée de l’importance de la fondation, il suffit de parler avec les habitants de Mashhad. Tout le monde est lié à elle, de près ou de loin.
L’un travaille pour une de ses compagnies, le grand-père de l’autre travaille bénévolement au sanctuaire pour aider les pèlerins. Un jeune étudie dans une université qui est financée par la fondation. Quand on demande à un Mashhadi (nom donné aux habitants de Mashhad) qui est la personne la plus importante de la ville, il répond presque toujours « le dirigeant de l’Astan-e Qods Razavi ». Sans ce sanctuaire, Mashhad ne serait pas Mashhad. Le tombeau est situé au centre de la ville. C’est comme si la proximité de la dépouille de l’Imam Reza s’imposait à tous. La religiosité est présente.
La piété est largement partagée, j’ai même vu des jeunes hommes éduqués, de bonne société, s’incliner de loin en traversant une avenue qui aboutit au sanctuaire. La vue de ces personnes rendant hommage d’un signe de tête de discret me rappela les catholiques s’inclinant devant le tabernacle dans l’allée centrale de la nef. »

La grandeur du bâti reflète exactement celle du symbole spirituel et religieux qu’est devenu le gigantesque sanctuaire d’or et d’azur De la modeste tombe du 8ème Imam dans un pauvre petit village du Khorāsān est en fin de comptes, né un véritable empire, construit tout au long des siècles par le pèlerinage et la piété de dizaines de millions de chiites ainsi que par les pouvoirs qui s’y sont succédés.

En ces semaines où la récente actualité cinématographique cannoise a mis à l’honneur le serial killer Les Nuits de Mashhad, le film du suédo-dano-iranien Ali Abassi, il nous a paru important et éclairant d’effectuer un retour sur l’attractivité mouvante de cette ville aussi grouillante qu’inquiétante.
Si elle est, en effet, de par le Saint martyr, cité du spirituel, les foules qui la fréquentent et s’y agrègent, viennent non seulement de tout le pays mais des États voisins, attirés par un rayonnement économique indubitable qui dans la complexité de notre monde contemporain génère bien évidemment autour de lui une zone d’ombre à la taille au moins aussi importante que la cité elle-même. Si le film d’Ali Abassi s’intéresse donc à une partie de cette zone peuplée non tant de pénitents et de pèlerins que de sujets écartelés entre toutes ces affaires si tristement humaines que génèrent aujourd’hui au sens large la haine sociale et les corruptions politiques de tous bords, il ne saurait éteindre l’aura de spiritualité qui continue envers et contre tout à envelopper de lumière l’or et l’azur du sanctuaire pour les faire largement rayonner bien au-delà des frontières.

 

Germaine Le Haut Pas
14 Juin 2022

 

Pour plus de détails renvoyant à l’édifice lui-même et à la complexite d’une construction à la signification doublement symbolique, nous renvoyons ici à l’ouvrage de référence de M. Patrick Riggenberg publié aux Editions La Volva, Candle &Fog . www.candle-fog.com, Le sanctuaire de l’Imam Reza à Mashhad.

Mentionnons également la Revue de Téhéran et son excellente étude de Novembre 2011

Cour du sanctuaire de l’Imâm Rezâ à Mashhad remplie des tampis avec les pèlerin lors de la prière

 

 

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Marjan Saboori

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