l’enigme de Jiroft
La découverte, A la toute fin du siècle dernier, des trombes d’eau d’une intensité inouïe s’abattent sur une région reculée, au Sud de Kerman entre le désert du Lut et le détroit d’Ormuz.
Les rivières débordent, les champs verdoyants à perte de vue sont inondés en quelques minutes, les villages emportés. L’une de ces rivières, nommée l’Halil Roud, qui prend sa source dans la chaine du Zagros culminant à 4 000 mètres, au Nord de la petite ville de Jiroft sort elle aussi de son lit et déferle dans la vallée attenante en faisant dévier son cours principal de plus de deux kilomètres et demie vers l’Ouest. Mais elle fait davantage que tout balayer sur son passage : elle ronge ses berges, décape la vallée, creuse, érode et arrache dans la violence de son débit les strates sédimentaires du sous-sol sur des dizaines de kilomètres carrés et remodèle ainsi complètement le paysage antérieur comme pour lui faire retrouver l’apparence qu’il put avoir quelques cinq mille ans plus tôt!
D’épais murs de brique crue sortent de terre et d’étranges tertres venus de nulle part surgissent là où s’étalait auparavant une plaine fertile hérissée de hauts palmiers. On est trop loin de Téhéran pour que la presse nationale reprenne l’information et s’en émeuve mais à quelques temps de là, bien après que l’eau se soit finalement retirée, les habitants des alentours se risquent sur ce “nouveau site” et là, se mettent avec stupeur à arpenter le plateau supérieur de ce qui ressemble désormais à un très ancien cimetière dont une partie des tombes aurait été éventrées jusqu’au cœur. Et surprise entre les surprises, les voilà alors à découvrir parmi les coulées de boue durcies des poteries, des statuettes, et toutes sortes d’objets en bronze et en chlorite * et d’autres recouverts de pierres précieuses.
En 2001, sans que quiconque ne fasse le lien, le marché international justement voit arriver une déferlante inconnue. L’historien Antonio Ratti se souvient
-“En 2001, une vague d’objets archéologiques semblant sortis de nulle part a inondé le marché des antiquités. Toutes sortes d’artefacts étaient alors proposés à la vente : de remarquables pièces de joaillerie, des armes, des céramiques de belle facture, divers récipients et même des jeux de société, le tout témoignant d’un talent artistique peu commun avec de somptueuses incrustations de cornaline ou de lapis-lazuli.”
Ceux qui découvrent alors ces pièces de bronze et de chlorite ne cessent de s’étonner de la qualité de leur exécution. Vases, pots, jarres, bijoux, en métal, en marbre, en lapis-lazuli, en chlorite – cette roche semi-précieuse oscillant entre le gris et le vert tendre très facile à graver et à polir, font en effet la plupart de temps la part belle à la symbolique animale, à la fois sauvage et domestique à travers des affrontements entre animaux ou avec des sujets humains, ces derniers étant naturellement toujours triomphants. Sur certaines poteries, on trouve aussi des animaux en train de paître à l’ombre des palmeraies ainsi que de mystérieuses représentations architecturales de temples ou de palais.
L’ensemble fait penser aux artéfacts de la ville d’Ur, assez proche et à la civilisation mésopotamienne, mais renvoie également aux thématiques de la civilisation d’Elam. Quant à la datation, on oscille dans la même inexactitude : 2500 avant Jésus Christ ? 3000 avant Jésus Christ ?
Le public des Salles de Ventes aux enchères ne reçoit que peu de précisions sur ces objets lorsqu’ils les réceptionnent : les données sont éparses et imprécises. Au mieux les indications relatives à leur provenance affichent- elles “Asie centrale”.
Au début les spécialistes qui n’ont jamais vu un tel travail restent méfiants et considèrent que ces objets sont principalement l’œuvre de faussaires particulièrement doués.
Mais de nouveaux objets apparaissant sans cesse sur le marché au fil de l’année puis début 2002, ils commencent à envisager qu’ils puissent être authentiques, mais provenant d’un site encore non répertorié et dont ils n’avaient jamais eu connaissance. Lequel ? Là, le mystère demeure total.
Comme le rappelait en mai 2021 le journaliste Stéphane Foucard dans les colonnes du journal Le Monde, “ Ces vases de chlorite –, ces figurines parfois incrustées de lapis-lazuli, ces bronzes et ces céramiques finement décorés de motifs rares et originaux pouvaient alors se vendre jusqu’à 300 000 euros. Or si leur iconographie était originale, elle n’était pas non plus absolument inconnue”
Ce que nous lisons dans cet article:
L’histoire s’accélère
Le mystère s’épaissit. Éric Fouache, célèbre géo archéologue français qui participe aux fouilles dès 2003, précise : “ Des pièces semblables ou comparables avaient déjà été exhumées un peu partout dans la Région, en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, dans la Péninsule arabique, mais en très petit nombre. On ne savait pas d’où elles venaient, on n’avait aucune idée de la région où elles avaient été produites.”
Courant 2002, la conjonction des deux mystères qui font flamber les cours, incite le service des douanes iraniennes à remonter la filière. Dans toutes les grandes villes du pays, de Bandar Abbas à Téhéran, en passant par Kerman et Ispahan, de nouveaux colis s’apprêtent justement à partir vers les grandes salles des ventes du monde entier, lorsqu’aux abords de la paisible petite ville de Jiroft, les douaniers découvrent à leur tour dans un véritable paysage lunaire. Cinq nécropoles datant du 5ème millénaire avant
Jésus Christ, mais désormais, ravagées et pillées.
Les pillards sont même allés jusqu’à quadriller le site en carrés de six mètres de côté pour mettre le tout à sac en y creusant des fosses.
L’autorité suprême en fait cette fois aussitôt une affaire d’état. “Jiroft est déclaré “cause nationale”. La télévision iranienne s’en mêle, vient réaliser des prises de vue édifiantes sur lesquelles on fait rejouer à la population le saccage auquel elle s’était livrée en 1997 et 1998. On envoie l’armée sur place pour protéger désormais la vallée. Fait exceptionnel, des trafiquants sont arrêtés et condamnés. La répression ne suffisant pas, les autorités mettent également en place un programme pédagogique à destination des populations locales abusées car totalement ignorantes de la valeur patrimoniale de leur trésor.
Du coup, les gens viennent alors rapporter des centaines de pièces à l’équipe de scientifiques qui a entre-temps été dépêchée sur les lieux afin de prendre connaissance de cette colossale découverte et de l’analyser.
Parmi les chercheurs qui comprennent étudiants et spécialistes internationaux de l’âge du Bronze, il y a Yousef Madjidzadeh. Cet archéologue iranien qui avait quitté le pays quarante ans plus tôt ne se sent pas peu fier de se voir à nouveau consulté. En 2003, on le convie donc à venir découvrir les deux cents vases décorés en chlorite installés dans la prison de la ville de Kerman avant de l’emmener sur le site lui-même. Bouleversée de l’importance cette découverte pour le Moyen Orient tout entier, le voilà à prendre la direction de fouilles qui se poursuivirent sur cet immense secteur de 400 par 300 km, sur plusieurs sites et sur plusieurs saisons d’affilée jusqu’en 2007.
Parmi les scientifiques qui l’accompagnent, se trouve le jeune archéogéographe français qui travaillait alors sur les problématiques hydrologiques de cette partie du Moyen Orient. Éric Fouache nous a raconté par le menu cette période de découvertes, si intense en évènements et en interprétations passionnelles. Difficile d’établir un lien entre les différents objets de la collection, cependant on les estime dès le départ tous comme datant du 3ème millénaire avant Jésus Christ. La découverte éclaire surtout sous un autre angle cette culture jusqu’alors ignorée.
Il y a en effet cinq mille ans, à la fin d’une période nommée l’Optimum climatique très pluvieux, le temps est devenu plus sec dans la région. Le palmier dattier est descendu s’installer le long des fleuves en Mésopotamie et dans le Sud-Est du plateau iranien, jusqu’à Jiroft, situé à 600 mètres d’altitude autour de sommets culminants à 4 000 mètres. Voilà s’ailleurs pourquoi cet arbre apparaît en abondance sur les vases, ainsi que d’autres buissons constituant la végétation de l’époque, vraisemblablement identique à celle d’aujourd’hui.
Mais qui étaient à cette époque les habitants de la région de Kerman ? Leurs richesses provenaient sans doute d’abord de la production agricole, mais ils devaient se livrer à des échanges en passant par le détroit d’Ormuz qui était à moins de 200 kilomètres. Par ailleurs cette partie du pays était traversée par la route du lapis-lazuli et celle du cuivre qui d’Afghanistan était acheminé vers la haute Egypte par le contournement de la péninsule arabique. Les deux murs en terre sèche qui se trouvent toujours au centre du site indiquent bien l’existence d’une ville fortifiée entourant des bâtiments. Quant aux deux plates-formes mises au jour, c’est aussi peut-être là qu’il faut situer l’origine des ziggourats, cet élément jusqu’alors considéré par les archéologues du Moyen-Orient comme fondamental de la civilisation mésopotamienne.
L’équipe identifie très vite une nécropole principale qu’elle baptise Mahtoutabab. Malgré un pillage des objets funéraires antérieurs aux fouilles, la majorité des découvertes initiales et des premiers artefacts proviennent de ce site,
Les archéologues ciblent également pour leur étude les deux tumuli qui s’élèvent désormais depuis l’inondation au milieu de la plaine, à deux kilomètres à l’Ouest de la Nécropole. Ils commencent par leur donner un nom : Konar Sandal Sud et Konar Sandal Nord.
Ensuite on commence à fouiller et là une nouvelle surprise attend l’équipe : les tumuli en question dissimulent les vestiges de deux ensembles architecturaux complexes et de taille presque cyclopéenne. Un lieu de culte en briques crues se trouvait sous le tumulus Nord, tandis que les restes d’une citadelle fortifiée également construite avec le même matériau se cachent sous le tumulus sud. S’il ne reste pas grand-chose de visible aujourd’hui, abrasé et lessivé par cinquante siècles d’intempéries, le peu qui reste suffit pour donner idée des dimensions colossales des deux édifices.
“Le second pourrait être une citadelle bâtie sur un plan ovale de 200 mètres sur 250. Quant au premier, il s’agit peut-être des restes d’un temple, érigé sur une plate-forme artificielle, dominant la vallée de plus de quinze mètres. “
Là encore, le chantier de terrassement est gigantesque : les flancs de la base font plus de 220 mètres de long. Que l’on se rappelle de Gizeh, en Egypte, Contemporaine des bâtiments de l’Halil Oud : chacun de ses côtés mesure à la base 230 mètres. Au pied des deux “tertres” artificiels, enterrés sous plusieurs mètres de sédiments, on découvre à nouveau d’autres vestiges, ceux de bâtiments plus petits. Éric Fouache raconte qu’ils procèdent alors à des prospections géophysiques pour sonder le sous-sol :
-“ Les anomalies détectées sous la surface ne faisaient aucun doute, il s’agit de murs d’habitation”
Une cité affleure bel et bien. La conclusion des experts ne tarde pas : l’ensemble faisait partie autrefois d’un établissement urbain unifié qui s’étendait sur six kilomètres carrés à travers tout le plateau.
Les premières conclusions de l’archéologue iranien impressionnent la communauté internationale par son optimisme, et si nombre de chercheurs remettent parfois en question ses résultats, les fouilles se poursuivent jusqu’en 2007, ce qui permet à Madjidzadeh de conclure alors :
“ Vers 5000 avant notre ère, la région de Jiroft était un foyer urbain majeur. Son centre se trouvait dans la vallée de la rivière Halil où de vastes sites à l’architecture monumentale dominaient le paysage, avec une production artisanale considérable, des quartiers accueillant les domestiques et des cimetières extra-muraux étendus”
Le mystère reste entier
Les fouilles s’arrêtent ensuite sept ans sur le site avant de reprendre en 2014 avec d’autres membres, iraniens, français, allemands, italiens L’énigme que pose en effet cette découverte ne laisse pas de continuer à déstabiliser l’approche officielle de l‘histoire de la civilisation du monde moderne. Aux yeux des autorités iraniennes, la mise au jour de ce foyer culturel et artistique vieux de 5 000 ans est considérable. Pour tout ce qui touche au patrimoine et à l’archéologie, Jiroft est devenu une priorité absolue. Malgré la crise diplomatique aigüe entre l‘Iran et les USA, une universitaire américaine de Pennsylvanie, Holly Pitman, est autorisée à travailler sur place avec les iraniens.
Si les archéologues ont découvert avec enthousiasme la beauté des objets d’art, l’iconographie ornementale qu’ils relèvent sur des centaines de récipients est riche d’un symbolisme réalisé avec maestria mais qui pose en effet d’autres questions, brûlantes notamment sur la provenance des matériaux composant ces objets.
Les artistes et les artisans travaillaient-ils sur place puisque les mines de chlorite se trouvaient dans les Monts Zagros et qu’on n’a pas retrouvé sur le site d’ateliers permettant de travailler cette pierre, ou bien acheminait-on d’ailleurs tant la matière première que les objets terminés, la ville se situant sur l’axe commercial qui venant d’Egypte, traversait le Sud du Pays pour aller jusqu’en l’Afghanistan ?
Deux visions s’affrontent à travers cette question que renseignera peut-être une autre découverte à venir : celle du sens des mystérieuses tablettes d’argile trouvées sur près de la citadelle de Konal Sandal Sud.
L’une présentant des ressemblances avec le système appelé “élamite linéaire.” que l’on parlait dans les villes du Royaume d’Elam, limitrophe de la Mésopotamie.
Les autres, au nombre de trois et trouvées 150 mètres plus haut, portaient des écritures différentes. L’une d’elles utilise des formes géométriques que l’on n ‘avait jamais vues nulle part auparavant.
Toutes démontrent que ces gens étaient des lettrés et qu’ils avaient une langue bien à eux, mais que nul n’a encore pu trouver la “pierre de rosettes susceptible d’aider à la déchiffrer”.
Lors d’une récente visite au Musée du Louvre, je me suis moi-même arrêtée sur les vitrines contenant quelques-uns de ces artefacts, et j’ai pu noter les similitudes qu’ils présentent avec l’iconographie associée à la culture mésopotamienne. Or, comme le dit également dans son étude l’historien Antonio Ratti :
-“Les représentations de scorpions mis au jour à Jiroft font écho aux hommes-scorpions découverts au sein de la nécropole royale d’Ur qui datent du troisième millénaire avant Jésus Christ. Les hommes-taureaux de Jiroft rappellent l’homme-taureau Enkidu de l’épopée akkadienne de Gilgamesh. Les parallèles sont si prononcés que des théories ont d’ailleurs été établies sur l’existence d’un patrimoine culturel commun aux deux civilisations”
Parmi les autres motifs caractéristiques ornant certains objets comme des poids, j’ai vu que quelques-uns étaient plus frappants que d’autres : l’image d’un taureau inversé surmonté d’un aigle et celle de batailles entre aigles et serpents. Ces deux motifs iconographiques apparaissent sur de nombreux récipients découverts à Jiroft. Du coup, une évocation en appelant une autre, ils me paraissent faire allusion à l’un des plus célèbres mythes de la Mésopotamie, celui d’Etana, le roi-berger de Kish, cité sur la liste royale sumérienne comme étant le premier souverain après le déluge universel.
Ecoutons à nouveau Antonio Ratti commenter cette question
“Ce mythe est l’une des histoires les plus fascinantes de cette lointaine période : il met en scène Etana qui doit rejoindre les cieux pour se procurer une plante magique grâce à laquelle sa femme pourra lui donner un descendant. Dans le même temps, une querelle éclate entre un aigle et un serpent. Alors que les deux animaux étaient autrefois de fidèles alliés, ils sont devenus ennemis jurés après que l’aigle ait eu dévoré les enfants du serpent. Le serpent assouvit sa vengeance et laisse l’aigle pour mort au fond d’un ravin. Sur les conseils du dieu Soleil, Shamash, Etana vient au secours de l’aigle et pour le remercier, l’oiseau le transporte jusqu’au paradis où il trouve la plante dont il a besoin pour s’assurer une descendance
Un autre motif iconographique caractéristique retrouvé sur ces objets concerne le recours aux vagues stylisées. L’archéologue italien, Massimo Vidale remarque en effet dans un récent article sur la cité iranienne :
–“la présence sur un vase d’un personnage à genoux tenant deux zébus dont les têtes produisent des vagues. De ces vagues s’élève une montagne ; un autre personnage doté des symboles divins du Soleil et de la Lune soulève une forme qui ressemble à un arc-en-ciel, derrière lequel on distingue des chaines de montagnes qui émergent. Même s’il convient de rester prudent, il est difficile de faire abstraction de l’impression que cette image relate un mythe ancien au sujet d’un grand déluge”.
Si la très grande beauté de ces objets fascine aujourd’hui, si archéologues et historiens d’art peuvent lire l’iconographie des pièces exhumées et observer autant ces représentations d’animaux que ces hommes domptant des guépards ou ces chimères d’hommes à corps de scorpion, bref entrer dans l’imaginaire des gens de Jiroft confrontés dès cette époque à un environnement plein de dangers, l’archéologue Jean Perrot remarque qu’il existe pourtant là une vraie lacune.
-“Celle de toute figure pouvant être interprétée comme la représentation d’une divinité, à l’instar de ce que l’on observe dans le monde mésopotamien”.
On ne trouve en effet à Jiroft que les formes d’une opposition entre des forces favorables à l’homme, aigle, ou guépard, tous deux menant avec l’homme un combat contre la mort symbolisée par le serpent et le scorpion.
“-Dans cette recherche d’un équilibre on peut voir l’illustration première d’une pensée dualiste qui se retrouve jusque dans la religion des Perses avec Ahura Mazda et qui a aussi pour fonction d’assurer le bonheur de l’homme.”
De ce fait, de nouvelles questions se posent à nous : par le biais des Perses : les habitants de Jiroft ont-ils également légué au monde judéo-chrétien sa réticence à représenter la divinité ?
Sur les vases on retrouve parfois reproduite une tour qui n’est pas sans rappeler la ziggourat* mythique qu’est devenue celle de Babel, à cette différence près que cette ancienne tour est là surmontée de plusieurs cornes. Est-ce là un attribut divin ?
Au troisième millénaire, dans cette période qui précède l’écriture dans le reste de la région, les croyances commencent en effet à se mettre en forme : certaines forces sont favorables, d’autres, sources de souffrance et de mort.
Les hommes présents sur les vases en présence d’animaux domestiques représentent ce qui est bon. La situation se renverse lorsque l’homme est revêtu d’une parure protectrice. Les forces bonnes, mauvaises ou neutres sont clairement identifiées. Les personnages mi-homme, mi- animal ayant des pouvoirs particuliers interviennent selon une hiérarchie bien précise des puissances surnaturelles. Les icônes divines font peut-être leur première apparition, mais aucune représentation donnant la forme de l’homme à la divinité n’existe encore explique l’archéologue Jean Perrot qui rajoute alors :
-“ Nous sommes en pleine évolution de la pensée. Les hommes qui ont élargi leurs horizons sont obligés de se replier pour des raisons climatiques. Ils imaginent une forme transcendante pour maintenir l’ordre et se montrent pour la première fois capable de conceptualiser.”
Une chose reste sûre, la culture de l’Halil Rud n’a transmis ce qu’elle a pu léguer que de manière très indirecte car à la différence de la civilisation mésopotamienne, avec les invasions des nouveaux peuples venus de Syrie, cette culture sombre dans les grands chambardements de la charnière du 3ème au 2ème Millénaire avant Jésus Christ.
— “L’occupation du site se réduit et le Sud Est de l’Iran perd pour mille ans sa tradition urbaine”
Pour conclure, remarquons que morte aussi vite qu’elle est apparue, cette civilisation contraint toutefois à réviser les croyances sur l’âge de bronze au Moyen Orient. Le modèle très en vogue du centre et de la périphérie qui donne dans l’histoire la suprématie aux civilisation urbaines nées en Egypte et en Mésopotamie est désormais totalement à revoir.
Germaine Le Haut Pas
17 Mars 2022
(À suivre : Jiroft, Aratta et Marhashi)
*Ziggourat : il s’agit d’un temple caractéristique de Mésopotamie en forme d’escalier Celui de Jiroft pourrait être le premier et ne pas avoir été construit par les sumériens. Cette ziggourat n’a que trois faces parce qu’il s’adosse à une montagne tandis que bâtis dans les plaines les ziggiourats sumériens ont forcément quatre faces.
1 commentaires
Article passionnant qui révèle ces civilisations riches de nombreuses énigmes encore à résoudre. Merci